Genève - Saba :
L'Observatoire euro-méditerranéen des droits de l'homme a fermement condamné hier la décision du Département d'État américain, prise mercredi, d'imposer des sanctions à la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese.
L'Observatoire euro-méditerranéen des droits de l'homme considère cette décision comme une mesure reflétant la position officielle des États-Unis concernant toute tentative indépendante de faire la lumière sur les crimes de génocide commis par Israël dans la bande de Gaza.
L'Observatoire euro-méditerranéen des droits de l'homme a déclaré dans un communiqué reçu mercredi par l'Agence de presse yéménite (Saba) que cette décision constitue une grave violation des principes fondamentaux du droit international et des droits de l'homme. Elle vise directement les Nations Unies et ses mécanismes et menace l'indépendance du travail des rapporteurs spéciaux, censés bénéficier d'une protection et d'un soutien dans l'exercice de leurs fonctions impartiales, et non être punis pour avoir rempli une partie de leurs responsabilités et avoir qualifié les crimes de crimes par leur nom.
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio a annoncé mercredi soir des sanctions contre la rapporteuse spéciale des Nations Unies, Francesca Albanese, en raison de ses efforts pour appeler à « des mesures contre les responsables, entreprises et dirigeants américains et israéliens », selon son communiqué.
Cette escalade survient quelques heures après qu'Albanese a critiqué la France, l'Italie et la Grèce pour avoir autorisé le Premier ministre israélien à utiliser leur espace aérien malgré le mandat d'arrêt émis par la Cour pénale internationale à son encontre pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité dans la bande de Gaza.
Dans un message publié sur son compte Twitter, Albanese a remis en question les raisons justifiant l'octroi d'un « passage sûr » à Netanyahou, arguant que les trois pays, en tant que parties au Statut de Rome, doivent respecter leurs obligations juridiques envers la Cour internationale.
Elle a déclaré : « Les gouvernements français, italien et grec doivent fournir des éclaircissements officiels concernant la délivrance d’un passage aérien sécurisé à une personne recherchée par la justice internationale », soulignant que de telles actions « affaiblissent le système juridique international et mettent tout le monde en danger ».
Euro-Med a souligné que Mme Albanese figurait parmi les rares voix ayant fait preuve du courage moral et professionnel nécessaire pour qualifier ce qui se passe à Gaza de génocide commis au vu et au su du monde. Elle a clairement dénoncé la complicité des grandes puissances, États-Unis d'Amérique en tête, dans l’armement et la dissimulation de ce crime, et a critiqué les pays qui n’ont pas exécuté le mandat d’arrêt émis contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou alors qu’il transitait par leur territoire ou leur espace aérien.
Il a souligné que le travail d'Albanese « est légitime et pleinement conforme à son mandat. Elle est officiellement mandatée par le Conseil des droits de l'homme pour surveiller les violations dans les territoires palestiniens occupés, et sa documentation et son plaidoyer en faveur de la responsabilisation sont au cœur de son mandat. Son appel à la responsabilisation ne relève pas de la « guerre », comme le prétend le secrétaire d'État américain, mais plutôt de la défense du droit international. Plus important encore, recommander des sanctions ou un embargo sur les armes est conforme aux outils pacifiques disponibles en droit international pour lutter contre les crimes internationaux. Il est déraisonnable de considérer le plaidoyer en faveur du respect du droit international comme un crime.»
L'Observatoire a souligné que ces sanctions constituent une violation de la Convention de 1946 sur les privilèges et immunités des Nations Unies, qui accorde aux fonctionnaires de l'ONU, y compris aux rapporteurs spéciaux, l'immunité de toute action judiciaire ou administrative pour tout acte ou déclaration qu'ils font dans l'exercice de leurs fonctions.
L'Observatoire a souligné que les rapports et déclarations d'Albanese s'inscrivent dans le cadre de ses fonctions officielles, conformément à son mandat légal. Elle est donc légalement protégée contre toute mesure de représailles ou de sanction, y compris les sanctions économiques ou politiques, qui lui seraient imposées en raison de ses fonctions officielles.
Avec le soutien américain et européen, l'armée ennemie israélienne continue de commettre des crimes génocidaires dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023, causant la mort de 57 680 civils palestiniens, dont une majorité d'enfants et de femmes, et blessant 137 409 autres. À ce jour, il ne s'agit que d'un bilan préliminaire, des milliers de victimes étant toujours ensevelies sous les décombres et dans les rues, inaccessibles aux ambulances et aux équipes de secours.
